Archives de Catégorie: King Khan & the Shrines

New Orleans dans mon salon

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Hier soir, j’avais l’intention assez fondée d’aller voir un show de King Khan and the Shrines – je vous le mentionnais déjà il y a quelques semaines.

Mais évidemment, les plans établis trop longtemps d’avance ont toujours tendance à être interceptés par une contre-proposition de dernière minute. Hier soir, c’était donc aussi l’anniversaire d’un ami espagnol vivant à Berlin depuis quelques mois. Il prévoyait faire une petite fête dans notre maison. Je me trouvais à être dans le noyau dur de gens susceptibles d’y aller, question d’animer de dynamisme cette rencontre de type «bières et pretzels». Je me culpabilisais un peu de ne pas y aller. C’est mon petit côté missionnaire : fêter le monde comme du monde. Bref : déchirement, que faire.

Entre temps, la proposition de fête pour l’Espagnol s’est bonifiée : les Loose Marbles, un band de la Nouvelle-Orléans, amis d’ami, était en ville et les musiciens avaient bien envie de jouer comme ça, n’importe où, quelque part. Ils ont donc envahi le petit hall de notre petit cinéma et ce fut la foire à rabais – je n’ai pas eu besoin de regretter une seconde de ne pas être allée voir mon concert qui coûtait cher.

Tuba, accordéon et autres planches à laver qui font des sons, 7-8 musiciens, bons mais vraiment bons, pas juste du « Oh When The Saints » qu’on a entendu mille fois, des airs perdus de gitans qui grimacent. La chanteuse: genre de personne qui chante et soudainement toute la pièce est envahie par quelque chose de vraiment fort. C’est drôle, elle m’a fait penser un peu à Isabelle Blais, mais en version pirate. Des tatous partout, même dans la face. L’imagerie vaudou et mardi gras plein les bras: des squelettes en autocar, des anges-démons intitulés « Family » et une tasse de café. C’était la première fois que je voyais quelqu’un s’étant fait tatouer une tasse de café. On se dit: ben pourquoi pas.

Les portes ouvertes, la petite fête pour notre ami espagnol s’est transformée en fiesta de quartier. Même la Madame aux bouteilles y était.

Oh! oui! Quelle belle occasion de vous écrire quelques lignes sur la Madame aux bouteilles! Les cheveux étrangement crêpés en forme de nid d’oiseau, le pantalon de jogging remonté jusqu’aux seins, cette dame fait carrière dans le ramassage de bouteilles vides sur la Kastanienallee et semble s’auto-divertir en marmonnant des choses étranges, et plus souvent qu’autrement ce qu’elle marmonne, elle le crie.

Il y a de ces personnages récurrents dans un quartier, habituellement un peu timbrés, qui vont qui viennent et qui passent, auxquels on s’attache je dirais même, sans qu’on s’attende à les voir soudainement arriver tout souriant dans notre party. Elle était là, hier, comme transformée par la musique. Elle swinguait à fond la caisse, et souriait souriait. Déformation professionnelle oblige, elle à ramassé les bouteilles vides tout au cours de la soirée. Elle aurait pu simplement se les réserver pour elle-même, non, elle nous les rapportait au bar, pour aider.

C’est beau, l’effet de la musique.

(p.s. On dit aux voisins qui n’aiment pas: allez donc vivre à Charlottenburg.)

Le mouton noir – Berlin en film

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L’autre jour, j’étais à vélo puis j’ai aperçu une grosse van de police. Je n’ai évidemment rien à me reprocher, mais je ne sais pas pourquoi, à chaque fois que je croise la police, que ce soit à voiture, à vélo, à pied ou en autobus, un court flash me passe systématiquement par la tête: « oh! la pôlice! est-ce qu’ils vont m’arrêter? »

Bref, cette fois-là, je me suis bien amusée en découvrant que c’était même pas une vraie police – fiou – le camion en question était recouvert de posters étranges, un mouton se faisant empaler par ce symbole berlinois par excellence qu’est la Fernsehturm. « C’est bin Berlin, ça », que je me suis dit. Mots-clé: récupération, ironie, trash. Le poster, je le revois à quelques reprises dans la ville au cours des heures qui suivent: on y annonce le film « Schwarze Schafe » (le mouton noir).

Deux jours plus tard, je me faisais à nouveau recommander ce band de montréalais qui vivent à Berlin, King Khan & The Shrines, du rock’n’roll pur sang qui – apparemment – fait bon de voir en show. (Je tenterai de voir leur prochain concert, le 23 de ce mois, et vous en donnerai des nouvelles…). Va voir leur site, pour découvrir que c’est justement leur musique qui vient trame-sonoriser le film en question. Tant de coïncidences me disent: va voir ce film.

Le film raconte, en gros: nous sommes tous des moutons noirs. Et s’il y a une ville où les losers sympathiques sont mis en valeur, c’est bien Berlin. Évidemment, je ne sais pas si Schwarze Schafe sortira de l’Allemagne, ni s’il sera traduit ou sous-titré en français, ni si c’est si drôle pour quelqu’un qui ne vit pas à Berlin. Rempli d’insides jokes. Mais pour ceux qui sont dans les parages ces jours-ci et qui s’adonnent à comprendre l’allemand, je vous recommande. C’est bin Berlin, je vous dirais, avec l’humour noir et brun marde multiplié par 100, soyez avertis. Nous, on a ri.